La nouvelle vient de tomber : Manuel Valls, ministre de l'Intérieur socialiste, est nommé Premier ministre par François Hollande. Quels enseignements peut-on en tirer, à chaud ?
Le moins que l'on puisse dire, c'est cette promotion du camarade Valls était attendu par l'immense majorité de la presse française, comme le montre cette analyse détaillée de Thibault Roques pour Acrimed. Entre interprétation à sens unique de sondages à double tranchant et surexposition médiatique (aussi bien quantitativement que qualitativement), rien d'étonnant à voir apparaître le phénomène bien connu de la prédiction auto-réalisatrice.
Plus dure sera la chute
Il est de notoriété publique (du moins pour les lecteurs réguliers du Canard enchaîné) que la relation entre François Hollande et Manuel Valls est tendue. Le président de la République reproche en effet à ce dernier son individualisme et son omniprésence médiatique, qui perturbent fortement sa stratégie de communication (qui n'a pourtant pas besoin de cela...) A cela s'ajoute ses manœuvres pour déstabiliser Jean-Marc Ayrault, Premier ministre et ami personnel de longue date du président.
Avec la dégelée municipale du 23 et du 30 mars pour le Parti socialiste (PS), et une contestation qui atteint des niveaux impressionnants, François Hollande était obligé de remanier et de changer de Premier ministre. En passant, cette haute main présidentielle sur le destin des Premier ministres successifs, si elle est totalement inconstitutionnelle, est historiquement la norme.
Après avoir manifestement proposé le poste à un autre ami de longue date, François Hollande s'est donc résigné à nommer Manuel Valls.