Cette question hante les médias français, Libération et Direct Matin n'étant que les exemples les plus caricaturaux. Cette obsession antirusse, telle qu'analysée par Olivier Zajec dans Le Monde diplomatique d'avril, est aisément critiquable. Il suffit pour cela de prendre un minimum de recul historique et géographique.
L'« erreur fatale » de l'OTAN
Lorsque l’URSS s’effondra en 1991, le Pacte de Varsovie (qui liait militairement ses Etats membres), fut dissout. L'existence de ce Pacte et le contexte de Guerre froide étant la raison d'être de l'OTAN, il aurait fait sens qu'elle soit elle aussi dissoute.
Cette position russe est connue et bien comprise à Washington quand bien même elle n’entraîne pas d’assouplissement de la position des Etats-Unis. Elle est d’autant mieux comprise qu’en 1990, James Baker avait affirmé à Gorbatchev que l’OTAN ne s’étendrait pas. Roland Dumas, alors ministre des Affaires étrangères a, à plusieurs reprises, confirmé l’existence de cette promesse, une promesse non tenue. George Kennan, le père de la doctrine du containment de 1947 s’est souvent et longuement exprimé sur la question de la relation de l’OTAN avec la Russie pour conseiller instamment de ne pas étendre l’OTAN, de ne pas exclure la Russie du nouvel ordre euro-atlantique post - Guerre froide. Cinquante ans après l’énoncé du containment, George Kennan prend la plume et écrit pour le New York Times du 5 février 1997 que l’élargissement de l’OTAN est une erreur fatale. Pourquoi ? Parce que « cette extension ne manquera pas d’enflammer les tendances nationalistes et anti-occidentales et militaristes au sein de l’opinion russe ; qu’elle contrariera le développement de la démocratie en Russie ; qu’elle restaurera l’atmosphère de Guerre froide dans les relations Est-Ouest ; qu’elle poussera la politique étrangère russe dans des directions qu’à coup sûr nous n’apprécions pas… » expose Kennan.
Ces propos, relevés par Catherine Durandin pour diploweb.com, semblent largement prophétiques dans le contexte ukrainien actuel.